dimanche 1 mars 2020

Recommandations COVID 19 pour le secteur ENMG

Établir des recommandations, c’est prendre le risque de mécontenter tout le monde, trop contraignantes pour les plus « cool » ou pas assez pour les plus anxieux.

Si nous regardons autour de nous, nous pouvons constater que certains pays s’en sont plutôt bien sortis avec des mesures « light », en s’appuyant sur 2 principes simples : la distanciation et l’hygiène des mains. Dans le milieu hospitalier, il semble logique de demander le port du masque pour les soignants, les patients, les accompagnants et le personnel administratif.

Il faut néanmoins rappeler que le « masque chirurgical » ne protège pas celui qui le porte. Il protège autrui si nous sommes malades. S’il n’est pas difficile de savoir si on est malade, par contre, il n’est pas possible de se savoir porteur sain ou pré-symptomatique. Le port du masque chirurgical n’a donc de sens que si tout le monde en met un. Le masque FFP2 par contre, protège celui qui le porte.

Les recommandations qui suivent, j’en conviens sont probablement trop sévères et peut-être parfois non pertinentes. Certains me font remarquer que selon certains hygiénistes, il n’est pas recommandé d’emballer notre matériel avec du film plastique. Ça tombe bien, ce n’est pas non plus la solution que je souhaite mettre en avant. Si je la mentionne, c’est uniquement dans le souci d’être complet et pour vous indiquer ce qui est envisagé ailleurs.

Des recommandations ne constituent pas un règlement. Il faut faire appel au bon sens. La plupart du temps, le port du masque chirurgical de part (patient) et d’autre (soignant) est suffisant. Si pour une raison ou une autre, vous avez un doute sur le fait que le patient est peut-être contagieux, il faut : 1) ne pas s’approcher de lui à moins d’1m50, 2) l’encourager à un dépistage covid, 3) si la consultation est inévitable, vous devez porter un masque FFP2.
La durée de protection varie entre 3 et 8 heures et le masque ne peut pas être réutilisé. Bien que le port de masques de type FFP2 est « préconisé pour les personnels de soins lors des phases de transmission interhumaine et pandémique et pour les personnes à risque majeur d’exposition (proximité de moins de un mètre d’une personne malade), tels les professionnels de santé au contact des malades », ils seront pourtant rationnés. Dès lors, si le patient en consultation ne peut pas porter son masque chirurgical et que vous devez être à moins d’un mètre de lui (ENMG face : paralysie faciale, myasthénie, SLA) vous devez porter un masque FFP2 ou à défaut une visière en plastique. Il faut les nettoyer après chaque usage, pas avec du gel hydro-alcoolique qui endommage le plastique, mais du baccilol spray + essuyer avec mouchoir en papier.

Pour terminer cette introduction, j’en reviens à la distanciation. Si vous croisez dans l’hôpital une personne sans masque, il faut vous en éloigner. Par ailleurs, l’exiguïté de certains locaux médicaux (< 15 m2) nécessite de limiter à 2 personnes (soignant + patient) leur occupation.   

 Qui reprend les consultations ? 

Pour limiter à 1 voire 2 médecins par local d’examen en fonction de la superficie de celui-ci :

-       les médecins superviseurs
-       les assistants/internes : supervision à distance
-       pas de stagiaire

Quels patients en priorité ?

les urgences (myasthénie, Guillain-Barré, vascularite, neuropathies toxiques ou infectieuses...)
les semi-urgences (les patients qui pouvaient attendre 2-3 semaines, mais pas 2-3 mois ; retour au listing de consultation)
être particulièrement attentif à tout déficit sensitif et moteur qui pourraient engendrer des séquelles définitives si la prise en charge est trop tardive
-       les patients inquiets et désemparés (= urgences personnelles)
-       progressivement des cas moins urgents et nos patients « chroniques » 


Comment gérer le flux des patients ?

Il faut prendre en compte 2 aspects. D’une part nous sommes invités à reprendre une activité réduite (25-50% de notre activité habituelle), d’autre part nous devons veiller à ne pas infecter nos patients, à ne pas se faire infecter par nos patients et à ne pas ramener le virus à domicile.

La prise de RDV impose donc de :
Valider l’indication de l’examen ENMG
Evaluer le risque infectieux pour le soignant: symptômes covid (fièvre, toux, anosmie, agueusie…) ? depuis quand ? PCR ? Ac ?
Evaluer les facteurs de risque pour le patient par rapport au covid : > 65 ans, diabète, HTA, obésité morbide, défaillance cardiaque ou respiratoire, immunodépression, cancer en traitement
Demander que le patient vienne avec un masque chirurgical et son propre stylo, seul (sauf exception : enfant, personne handicapée), à l’heure et maximum 15’ avant sont RDV

Nous ne pouvons pas confier le prise de RDV à un service purement administratif. Il faut un contrôle médical. C’est évidemment un gros travail : les assistants/internes pourraient nous aider. 

Rythme des consultations ? 

-       Maximum 3 ENMG par ½ journée
    La durée d'examen étant plus longue d’au moins 15’ (précautions, désinfection régulière) et la salle d'attente devant être la moins surchargée possible, nous suggérons d’adapter les horaires en fonction et de les décaler si plusieurs locaux sont occupés en même temps :
Exemple : local 1 : 9:30 ; 10:30 ; 11:30
                 local 2 : 10:00 ; 11:00 ; 12:00

-       Les examens des 4 membres se font le même jour. Autant que possible ne pas faire revenir les patients pour compléter l’examen. Anticiper par un double RDV.

Quelles précautions faut-il prendre en général ?

-       à l’arrivée dans l’hôpital : revêtir la tenue hospitalière
     (blouse + pantalon + masque chirurgical)

-       à l’arrivée dans son local :
       - se laver/désinfecter les mains : Baktolin ou gel HA
       - désinfecter toutes les surfaces de travail, téléphone, clenches de porte et poignées d’armoire, semelles de chaussures : Bacillol spray
       - souris, écran et clavier d’ordinateur (avant de les allumer) : Surfa’Safe
       - se relaver/désinfecter les mains : Baktolin ou gel HA

-       à l’arrivée du patient       
            - le patient entre seul sauf enfant ou personne handicapée
                                                  (1 seul accompagnant)
       - le patient porte un masque chirurgical (fourni par nos soins à défaut) et vient avec son propre stylo
       - médecin et patient se désinfectent les mains en même temps : gel HA
       - le médecin enfile des gants et le patient aussi si aucune mesure ne doit être réalisée à ce niveau
       - la consultation se termine par une désinfection des mains pour le médecin et le patient

Concernant les gants, certains préconisent de porter 2 paires l’une sur l’autre (M→L) le temps de l’examen sur le patient.

-       entre chaque patient
Le local est désinfecté, du moins les surfaces susceptibles d'avoir été contaminées par le patient :
       - table d’examen, chaise : 
Bacillol spray
       - 
 changement des "poupées", compresses sur embouts métalliques des stimulateurs si utilisés entre chaque patient. Utiliser de préférence les stimulateurs tampons barrette.
       - 
tampons/feutres : alcool isopropylique 70% avant hydratation
       - de préférence éviter les recueils avec scratch (ou alors utiliser caoutchouc qui se désinfecte)
       - privilégier les électrodes auto collantes en moteur et sensitifs en changeant entre chaque patient
       - éviter la trompette du Valsalva, pour l'étude du RR
       - Utiliser le bac à désinfectants pour les éléments en contact avec le
patient (diapason, marteau à reflexe, bagues stimulateurs ou recueil etc..).                       c’est la personne qui les utilise qui après va directement le(s) mettre dans le bac de désinfectant +++

-       en fin de journée
       - la tenue hospitalière changée chaque jour et laissée en fin de journée dans le sac de linge sale du vestiaire
       - si possible douche à l’hôpital
       - autrement, remettre vêtements de ville et douche dès l’arrivée à domicile, puis habillage réservé au domicile


Situations particulières : Patients covid

Suivre les règles d’hygiène institutionnelles +

Recommandations particulières:

- si c'est pour confirmer une PNP établie sur le plan clinique en vue d'une rééducation :
l'ENMG EST INUTILE !

- si c'est pour apporter une information susceptible de modifier le prise en charge du patient (A FAIRE PRECISER AU CAS PAR CAS AUPRES DU MEDECIN DEMANDEUR), tant que le patient est dans le secteur covid, l'ENMG doit être réalisé dans le secteur covid avec une machine dédiée (et laissée dans le secteur covid). NE PAS FAIRE VENIR CES PATIENTS DANS LES POLYCLINIQUES NON COVID.

- si c'est un ENMG à réaliser chez un patient qui n'est plus dans le secteur covid, cet examen peut être réalisé en polyclinique sans restriction particulière (14 jours après le début des plaintes et 72 h sans symptôme).

- si le patient a séjourné dans une USI : il faut en plus que 2 PCR successives soient négatives

 Situations particulières : ENMG de la face

Dans les circonstances où le patient ne peut pas porter de masque et où nous devons travailler à moins d’un mètre du visage du patient :
- décréments et fibre unique
- paralysie faciale
- évaluation d’un patient suspect de SLA

Les mesures sont comparables à celles du patient covid, ou même renforcées comme le suggère notre confrère Alessandro Lozza (Pavie)
masque FFP2 + lunettes de protection ou visière en plastique transparent + charlotte + surblouse + gants

Si pas de masque FFP2, masque chirurgical + visière. Ne pas oublier la désinfection de ces dernières avec du Bacillol spray (éviter les gels hydro-alcooliques qui endommagent le plastique) entre leurs manipulations (essuyer avec mouchoir en papier pour éviter de les rayer) . 


Salle d’attente, approvisionnement, accord

-       Salle d’attente : respecter la distanciation sociale
-       Assurer l’approvisionnement en matériel de protection
     Accord de l’ensemble du personnel sur ces recommandations avant de débuter la reprise

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