Le plexus brachial est une région
d’exploration difficile, notamment sur le plan électroneuromyographique
(ENMG), en raison de son anatomie
complexe et de la grande variété des atteintes plexuelles sur le plan
étiologique et physiopathologique.
A la complexité de son anatomie, le neurologue
ou le neurophysiologiste répond souvent par une tentative de simplification et
de compartimentage. Il y a les
lésions des troncs primaires (supérieur, moyen et inférieur), les lésions des
troncs secondaires (antéro-externe, postérieur et antéro-interne) et les
lésions pré- ou post-ganglionnaires. La réalité clinique, notamment
traumatique, est souvent autre. Un même traumatisme peut entrainer une lésion à
la fois pré- et post-ganglionnaire, touchant d’une part les branches terminales
du plexus et entraînant d’autre part une avulsion de certaines racines. Dans
d’autres circonstances, il y a à la fois un étirement plexuel, qui prédomine
parfois sur l’un ou l’autre fascicule nerveux, et une ou plusieurs ruptures nerveuses à proximité d’un
foyer de fracture. Enfin, une atteinte des artères sous-clavière ou axillaire
ajoute une composante ischémique à la part mécanique de la lésion (avulsion,
rupture ou étirement). Dans cette mise au point, qui n’échappera pas à la tentative
de simplification, le choix sera fait de diviser le plexus brachial de haut en
bas en plexus supérieur, moyen/postérieur et inférieur.
Sur le plan ENMG, la difficulté réside aussi
dans le fait que si l’exploration est réalisée au 6ème jour, au 15ème
jour, au 40ème jour ou au 3ème mois post-lésionnel, les
anomalies enregistrées seront différentes. Il est donc essentiel de savoir ce
que l’on peut attendre de l’ENMG en fonction du moment où celui-ci est réalisé
(Tableau 1).
Face à ces difficultés, l’électrophysiologiste
peut être quelque peu désemparé et rendre des avis pas toujours pertinents par
rapport à la situation clinique. Ces discordances électro-cliniques
conduisent parfois des médecins
d’autres spécialités à dire que l’ENMG ne sert à rien dans l’exploration des
plexopathies brachiales et qu’une clinique associée à une imagerie de qualité
suffisent à la mise au point des ces lésions nerveuses. C’est faux. L’ENMG
reste, à ce jour, la seule technique d’exploration fonctionnelle du système
nerveux périphérique et à ce titre elle joue un rôle crucial dans la précision
du site lésionnel (SL) et l’établissement du pronostic. L’ENMG peut également démasquer
des signes infra-cliniques témoignant soit d’une atteinte plus étendue ou au
contraire moins complète que prévue, soit d’une réinnervation débutante
inapparente cliniquement.
Après un bref rappel anatomique, cette mise au
point est conçue comme s’il s’agissait de la prise en charge d’un patient présentant
une probable plexopathie brachiale. D’abord, il sera tenu compte du contexte
clinique. Ensuite, pour autant que le patient soit conscient, les déficits
moteurs et sensitifs seront précisés. Enfin, les données de l’exploration ENMG
seront présentées et commentées. Concernant la description détaillée des
techniques ENMG utiles à l’exploration du plexus brachial, nous renvoyons le
lecteur aux différents traités de neurophysiologie clinique.
1. Régions anatomiques
d’intérêt
1.1. Par rapport aux
ganglions spinaux
Le ganglion spinal, qui contient les corps
neuronaux des fibres sensitives périphériques afférentes, constitue un repère
anatomique important dans l’évaluation d’une lésion du plexus brachial. Entre
le ganglion spinal et la moelle cervicale, zone
pré-ganglionnaire, se trouvent les filets radiculaires et les racines
dorsaux et ventraux. Distalement par rapport au ganglion spinal, zone post-ganglionnaire, se trouvent
successivement le nerf spinal (réunion des racines dorsale et ventrale), puis
les rameaux dorsaux et ventraux primaires. Cette région post-ganglionnaire
correspond à la racine extra-foraminale (EF).
Ensuite, les rameaux ventraux primaires des nerfs spinaux C5-D1 s’anastomosent
pour former Le plexus brachial.
1.2. Par rapport à la
clavicule
La région
supra-claviculaire comprend la zone pré-ganglionnaire, les 5 racines EF
(C5, C6, C7, C8, D1) et les troncs primaires supérieur (TPS), moyen (TPM) et
inférieur (TPI) du plexus brachial. La région
rétro-claviculaire correspond aux 6 divisions (3 antérieures et 3
postérieures) du plexus brachial. De la région
infra-claviculaire s’individualisent les troncs secondaires antéro-externe
(TSAE), postérieur (TSP) et antéro-interne (TSAI), puis les 5 branches
terminales (nerfs musculocutané, médian, axillaire, radial et ulnaire)
(Ferrante, 2004).
1.3. Par rapport aux
plans frontal et sagittal
Le plexus brachial se subdivise en 3 régions,
une région supérieure proximale
(TPS) et distale (TSAE), une région moyenne
(TPM) et postérieure (TSP) et une région inférieure proximale (TPI) et
distale (TSAI). Comme il sera précisé dans la suite de cette mise au point, ces
3 trois régions sont fonctionnellement distinctes et d’un intérêt tout
particulier dans l’évaluation des plexopathies.
2. Le contexte clinique
En fonction du contexte clinique, il déjà
possible de soupçonner le SL et le mécanisme physiopathologique de la
plexopathie brachiale.
Les atteintes iatrogènes (7 à 10% des plexopathies brachiales) correspondent le
plus souvent soit à une lésion neurapraxique avec bloc de conduction (BC) du TPS (paralysie post-opératoire), soit à
une atteinte radiculaire EF C8 (pontage
aorto-coronaire avec sternotomie médiane) (Lederman et al, 1982). Après
chirurgie de la région coracoïdienne (ex. : intervention de Latarjet), la
souffrance nerveuse concerne les branches nerveuses terminales comme le nerf musculocutané (Caspi et al, 1987).
Dans un contexte
néoplasique, il s’agit soit d’une plexopathie infiltrative douloureuse avec
perte axonale sévère et évolutive touchant la racine EF D1 ou le TPI (Pancoast,
1932 ; Kori et al, 1981), soit d’une
plexopathie post-radique avec myokymies, BC
infra-claviculaires diffus et perte axonale secondaire (Mumenthaler, 1964).
Les tumeurs primitives du plexus brachial sont très souvent bénignes, schwannomes
et neurofibromes, et situées à la partie
proximale du TPS ou TPM (Wilbourn, 2002).
Dans un contexte
traumatique, l’atteinte est supra-claviculaire
dans 70 à 75% des cas (Moran et al,
2005). Les accidents de la route, de moto particulièrement, représentent 70%
des atteintes plexuelles traumatiques (Narakas,
1985). Celles-ci sont complètes, intéressant les 5 racines (classiquement rupture
C5C6 et avulsion C7C8D1) ou se limitent à une rupture du TPS ou des racines EF C5C6 (Figure
3). Dans 15% des cas, la lésion est à la fois pré- et post-ganglionnaire avec
une atteinte infra-claviculaire au niveau de certains sites d’encrage (nerfs axillaire dans l’espace
quadrilatère, musculocutané au
niveau du muscle coraco-brachial, sus-scapulaire
dans les 2 échancrures). Les traumatismes avec traction sur le bras en
élévation s’accompagnent fréquemment d’une avulsion
C8D1 de très mauvais pronostic (Ferrante, 2004). Les fractures
de la clavicule peuvent se compliquer d’une atteinte du TSAI (Kay et Eckardt, 1986). Les subluxations gléno-humérales et les
fractures proximales de l’humérus peuvent léser le nerf axillaire (Leffert et Seddon, 1965) et parfois les nerfs musculocutané et/ou sus-scapulaire (Milton, 1953).
L’utilisation de béquilles avec appui axillaire peut se compliquer d’une
neuropathie compressive du nerf radial.
Enfin, le développement aigu d’une masse (hématome, anévrisme) entre la
clavicule et le coude peut entrainer un syndrome compartimental brachial
interne aigu (nécessitant une décompression en urgence dans les 4 heures)
pouvant léser gravement le nerf médian,
parfois en association avec le nerf ulnaire
(Tsao et Wilbourn, 2003).
Le thoracic
outlet syndrome (TOS) neurologique vrai correspond à une atteinte microtraumatique, très chronique, de la
racine EF D1 ou du TPI (Wilbourn, 1999).
La plexopathie obstétricale se caractérise par une
atteinte le plus souvent post-ganglionnaire,
parfois pré- et post-ganglionnaire
des racines C5C6 (50% des cas) ou C5C6C7 (35% des cas) (Van Dijk et al, 2001).
Dans le cadre des
plexopathies inflammatoires/dysimmunes,
le syndrome de Parsonage et Turner est souvent responsable d’une atteinte du plexus supérieur et/ou des branches
terminales (nerfs thoracique long et
sus-scapulaire) (Parsonage et
Turner, 1948). Dans la neuropathie
motrice multifocale à bloc de conduction (NMMBC), la
distribution de ceux-ci au niveau du plexus brachial reste variable.
3. Déficit moteur clinique
Une fois le contexte précisé, le testing moteur analytique constitue
habituellement (sauf si le patient est inconscient aux soins intensifs) la
première approche clinique permettant d’évaluer l’étendue de la lésion plexuelle.
Celle-ci est soit complète, soit prédomine dans le territoire supérieur,
moyen/postérieur ou inférieur.
Dans les atteintes du plexus supérieur, la flexion du coude est déficitaire. S’il
s’y associe un déficit de l’abduction du bras, une atteinte du TPS (territoire C5 + C6) doit être suspectée.
Par contre, si l’abduction du bras est respectée, il faut songer à une lésion
du TSAE (territoire des nerfs médian
+ musculocutané) et vérifier la flexion du poignet et la pronation de
l’avant-bras dépendant du nerf médian.
Les atteintes du plexus moyen/postérieur sont rarement
isolées. Elles sont caractérisées par un déficit d’extension du coude et du
poignet. Si l’abduction du bras est respectée, une atteinte du TPM (territoire C7) est probable. Si
l’abduction du bras est déficitaire, il peut s’agir d’une lésion du TSP (territoire des nerfs radial et
axillaire) ou plus fréquemment de l’atteinte conjointe des TPS et TPM.
Un déficit de la musculature intrinsèque de la main témoigne d’une plexopathie
inférieure. Si l’extension des articulations métacarpo-phalangiennes des deux
premiers rayons de la main est également déficitaire, il faut envisager une
atteinte du TPI (territoire C8 +
D1). Dans le cas contraire, c’est à une lésion du TSAI (territoire des nerfs médian + ulnaire) qu’il faut songer.
Le testing
musculaire analytique doit également cibler d’autres territoires nerveux. Les
branches nerveuses destinées aux muscles pectoraux se dégagent à la partie
proximale des troncs secondaires (nerf pectoral latéral issu du TSAE pour le
chef claviculaire du muscle grand pectoral et nerf pectoral médial issu du TSAI
pour le muscle petit pectoral et le chef sterno-costal du muscle grand
pectoral). Aussi, un déficit de la
musculature pectorale signifie que
la lésion est probablement supra-claviculaire (Ferrante, 2004). Une atteinte
dans le territoire des nerfs dorsal de l’omoplate (muscles rhomboïdes) et thoracique long (muscle grand dentelé) traduit une lésion plexuelles très proximale,
en amont des racines EF. L’intégrité du nerf spinal accessoire, et donc du
muscle trapèze, aura toute son importance au moment où sera envisagée une
chirurgie par transfert nerveux (Moran et
al, 2005 ; Rinker, 2015).
4. Déficit sensitif clinique
A l’exception du territoire C5 (région antéro-latérale
du bras et parfois de l’avant-bras), le déficit sensitif clinique (DSC) est
recherché dans les mêmes territoires cutanés que ceux testés lors de la
neurographie sensitive (Tableaux 2-4) (Ferrante et Wilbourn, 1995). En effet,
si les potentiels sensitifs restent d’amplitude normale là où un DSC est
observé, cet apparent paradoxe est en faveur d’une atteinte pré-ganglionnaire,
d’une avulsion de racine si le contexte est celui d’un traumatisme avec
traction sur le plexus.
A noter également que les racines ventrales
motrices, plus fines et entourées par un sac dural plus fin, sont plus fragiles
que les racines dorsales sensitives (Sunderland, 1974). L’absence d’anomalie à
la neurographie sensitive peut donc résulter d’une atteinte prédominant nettement
sur le versant moteur. Dans ce cas, aucun DSC ne sera noté.
5. Signe de Claude Bernard-Horner
Les nerfs spinaux C8 et DI contiennent des
fibres sympathiques pré-ganglionnaires (Figure 1). Une lésion à ce niveau ou
plus proximale est responsable d’un signe de Claude Bernard-Horner (myosis, ptosis,
pseudo-enophtalmie, anhydrose).
6. Electroneuromyographie (ENMG)
6.1. Apports à
l’évaluation des plexopathies brachiales
L’ENMG reste la meilleure procédure pour
localiser le SL, établir la physiopathologie, la sévérité et le pronostic.
Dès le 12ème jour, l’ENMG permet de
préciser si la lésion est pré- ou
post-ganglionnaire. En effet, en enregistrant des potentiels sensitifs
conservés dans un territoire cliniquement déficitaire, cette absence d’anomalie
électrique permet de suspecter une avulsion
de racine plutôt qu’une rupture nerveuse post-ganglionnaire.
La connaissance des trajectoires efférentes
motrices et afférentes sensitives (cf.
infra) permet de localiser la lésion en supra-claviculaire ou en infra-claviculaire
et en supérieure, inférieure, moyenne ou postérieure. A partir de la 3ème semaine,
lorsque les signes de dénervation musculaire (fibrillations et pointes
positives) sont enregistrables au repos dans les muscles distaux, l’électromyographie
(EMG) par électrode-aiguille est habituellement plus sensible que l’examen
clinique pour documenter une atteinte nerveuse partielle. Il sera dès lors plus
aisé de préciser que l’atteinte nerveuse est distribuée dans telle ou telle
territoire radiculaire ou tronculaire.
Seule l’ENMG permet d’affirmer la nature neurapraxique
d’une plexopathie. Dès le 7ème jour, l’enregistrement d’une réponse
motrice de taille normale lors de la stimulation au point d’Erb dans un
territoire plégique permet de suspecter un BC
supra-claviculaire, (sus-jacent au tiers distal des troncs primaires). Par
contre, si l’amplitude motrice est réduite lors de la stimulation au point d’Erb
et normale lors d’une stimulation distale, le BC est infra-claviculaire.
Par contre, si la stimulation sous le SL n’est pas techniquement réalisable, le
BC infra-claviculaire ne pourra être
suspecté qu’au-delà de la 3ème semaine (réponse motrice de petite
taille et fibrillations/pointes positives absentes ou peu abondantes).
Dans les atteintes plexuelles axonales partielles,
la surface du pic négatif initial des réponses motrices évoquées (en l’absence
de BC entre stimulation et détection) est le meilleur paramètre pour évaluer le
degré de perte axonale, pour autant
que l’ENMG soit réalisée avant que les processus de réinnervation musculaire ne
se soient mis en place (1 à 2 mois post-lésionnel) (Wilbourn, 1985). Le pronostic de la plexopathie brachiale
est d’autant meilleur que la lésion nerveuse est neurapraxique (BC), EF ou plus
distale, partielle, proche des muscles cibles (< 60 cm), récente (< 2 ans
sur le plan moteur) et accessible aux techniques de chirurgie réparatrice
(Ferrante, 2004). Les racines C8D1 sont accrochées directement à la moelle, et
non à des fascia comme les racines
C5C6, c’est pourquoi elles sont, plus souvent que les autres racines, sujettes
à une avulsion périphérique (traction sur les racines) ou centrale (traumatisme
cervical avec traction sur la moelle) (Moran et al, 2005). En cas d’avulsion, les chances de récupération
spontanée sont pratiquement nulles et aucune chirurgie réparatrice ne peut être
envisagée en dehors d’une éventuelle neurotisation (Bhandari et Maurya, 2014).
L’ENMG doit contribuer à la mise en évidence de ces situations de très mauvais
pronostic (Wilbourn, 2005).
6.2 Limitations
Avant le 12ème jour, la
dégénérescence Wallérienne des fibres sensitives n’est pas complète. Si la réponse sensitive reste conservée
dans un territoire cliniquement déficitaire, la lésion n’est pas forcément
pré-ganglionnaire.
Avant la 3ème semaine, en l’absence
d’activité EMG de repos, il est souvent difficile de préciser le SL et
d’établir la nature neurapraxique, ou non, de l’atteinte.
Après la 3ème semaine, l’EMG est
l’examen le plus sensible pour établir l’étendue de la perte axonale motrice et
donc pour préciser le SL. Cependant dans 2 circonstances l’EMG situe la lésion trop
distalement par rapport au SL réel : 1) quand une lésion nerveuse respecte
un territoire musculaire (ex. : une atteinte du TPI épargnant le muscle
extenseur propre de l’index ressemble à une lésion du TSAI) ; 2) quand la
musculature proximale est réinnervée sans laisser de séquelle détectable
(Ferrante, 2012).
Un territoire nerveux lésé peut être
silencieux sur le plan ENMG en raison d’une atteinte plus fasciculaire que
tronculaire ou radiculaire, d’un discret BC proximal, d’une évaluation trop
précoce ne permettant pas de documenter une perte axonale partielle. Dès lors, dans
l’établissement du SL, la mise en évidence d’une anomalie ENMG a plus de poids
que l’absence d’anomalie.
La mise en évidence d’un bloc de conduction
repose sur l’observation d’une réponse motrice de taille normale lors de la
stimulation sous le SL et d’une réponse motrice de taille réduite lors de la
stimulation au dessus du SL. Pour les nerfs musculocutané, axillaire,
thoracique long et sus-scapulaire, un seul site de stimulation nerveuse
percutanée est souvent disponible.
Par ailleurs, la stimulation au point d’Erb n’est pas spécifique d’un
seul nerf et l’enregistrement par électrodes de surface risque d’être contaminé
par la contraction de muscles situés à distance de la zone de détection
(conduction en volume). Dès lors, la détection par électrodes de surface peut
parfois être remplacée par une détection par aiguille-électrode (ex. nerf
radial) et une collision nerveuse réalisée pour éliminer certains influx
nerveux contaminant la réponse motrice générée par la stimulation au point d’Erb
(ex. stimulation au point d’Erb couplée à une stimulation du nerf ulnaire au
poignet pour n’enregistrer que la réponse du nerf médian)
L’interprétation des anomalies peut être
compliquée par l’existence d’une autre neuropathie focale (nerf médian au
poignet, nerf ulnaire au coude) ou diffuse (polyneuropathie), par la perte
axonale liée à l’âge (surtout > 60 ans) et par des conditions techniques
délicates (obésité, lymphœdème etc…).
6.3. Démarche
diagnostique
6.3.1. Anomalies ENMG en fonction du délai post-lésionnel
- Avant le 6ème jour post-lésionnel :
l’ENMG est souvent prise en défaut. La dégénérescence
Wallérienne, secondaire aux atteintes axonales, reste incomplète et l’amplitude
des réponses motrices et surtout sensitives, évoquées par une stimulation nerveuse
sous-lésionnelle, reste normale. L’activité
de repos (fibrillations et pointes positives), traduisant une dénervation
musculaire récente ou active, est absente. Les tracés EMG sont appauvris
proportionnellement à l’effort développé par le patient. Cependant, le déficit de force peut ne
pas être directement lié à l’atteinte nerveuse (douleur à la mobilisation, fractures…).
Seul un appauvrissement des tracés EMG volontaires associé à une augmentation
du recrutement temporel des potentiels d’unité motrice (PUM) est évocateur
d’une composante nerveuse périphérique.
l’ENMG précoce n’est néanmoins pas inutile. D’une
part, cet ENMG précoce peut révéler une neuropathie préexistante à la lésion plexuelle,
neuropathie focale (syndrome du canal carpien, neuropathie ulnaire au coude) ou
diffuse (polyneuropathie). D’autre part, en cas d’atteinte infra-claviculaire,
l’ENMG précoce est parfois le seul
moment où il sera possible de localiser un pseudo-BC (atteinte axonale) infra-claviculaire
en comparant l’amplitude des réponses motrices évoquées par la stimulation au
point d’Erb (amplitude réduite) à l’amplitude des réponses motrice évoquées par
la stimulation sous le SL (amplitude normale). Par la suite, la dégénérescence
Wallérienne fait que la taille des réponses motrices sera réduite quel que soit
le site de stimulation.
- Entre le 12ème jour et la 3ème
semaine post-lésionnel :
La dégénérescence Wallérienne, secondaire aux
atteintes axonales, est habituellement complète tant sur le versant sensitif
que moteur et l’amplitude des réponses évoquées est réduite proportionnellement
à celle-ci. Si l’amplitude des réponses sensitives distales reste normale dans
un territoire déficitaire sur le plan clinique, il faut évoquer la possibilité
d’une lésion purement neurapraxique ou d’une avulsion radiculaire, en
particulier si les réponses motrices évoquées dans le même territoire nerveux
sont réduites en amplitude. Quand il n’y a pas de déficit sensitif clinique, il
faut envisager la possibilité d’une atteinte purement motrice (NMMBC, Parsonage
& Turner, lésion isolée des racines ventrales plus fragiles).
Sur le versant moteur, et pour autant que la
neurographie motrice interroge un territoire musculaire cliniquement
déficitaire, 3 situations peuvent se présenter en comparant l’amplitude des
réponses motrices évoquées d’une part lors de la stimulation au point d’Erb, et
d’autre part lors de la stimulation sous le SL. Si l’amplitude est normale
après stimulation au point d’Erb (elle le sera a fortiori après stimulation plus distale), il faut évoquer un BC supra-claviculaire.
Si les réponses sont d’amplitude réduite lors de la stimulation nerveuse sous
le SL (elle le sera a fortiori après
stimulation plus proximale), il s’agit d’une atteinte axonale. Si l’amplitude est réduite lors de la
stimulation au point d’Erb et normale lors de la stimulation sous le SL, un BC
infra-claviculaire sera évoqué. Ce mode de résonnement n’est applicable qu’aux
structures nerveuses pour lesquelles
la stimulation sous le SL ne pose pas de problème technique (nerfs
médian, ulnaire et radial).
C’est à ce stade que la surface du pic négatif
initial des réponses motrices évoquées est le meilleur paramètre pour évaluer
le degré de perte axonale (en l’absence de BC entre la stimulation nerveuse et
la détection musculaire) (Wilbourn, 1985).
L’enregistrement d’une activité de repos dans
les muscles proches du SL plaide contre la nature purement neurapraxique de la
plexopathie.
La normalisation des tracés EMG volontaire
plaide pour la guérison d’une lésion neurapraxique peu sévère. L’apparition de
potentiels d’allure polyphasique est un autre argument plaidant en faveur d’une
dénervation musculaire récente avec début de réinnervation collatérale.
- Entre la 3ème et la 8ème
semaine post-lésionnelle :
Tous les paramètres ENMG sont disponibles pour
préciser le SL, la sévérité et le pronostic de la plexopathie. Aux données de
la neurographie sensitive et motrice qui restent inchangées s’ajoutent les
activités de repos (fibrillations et pointes positives) présentes aussi bien
dans les muscles proches du SL que dans les muscles distaux. L’absence de cette
activité de repos dans des muscles déficitaires cliniquement est d’excellent
pronostic puisque cela traduit une lésion purement myélinique. Leur présence est
le témoin d’une perte axonale motrice et la distribution anatomique de celle-ci
permet de préciser le SL.
- Entre le 3ème et le 6ème
mois post-lésionnel :
Dans les atteintes traumatiques, on assiste à
une amélioration clinique partielle ou complète précoce (parfois avant le 3ème
mois) par levée des BC.
Compte tenu de la réinnervation musculaire en
cours, du moins dans les cas favorables, la taille des réponses motrices
sous-estime l’importance de la perte axonale motrice.
L’absence d’activité de repos (fibrillations
et pointes positives) peut traduire une guérison sans séquelle ou une
réinnervation de toutes les fibres musculaires initialement dénervées. La
persistance d’une abondante activité de repos est le fait des atteintes
plexuelles sévères de mauvais pronostic et/ou d’une absence de réinnervation
musculaire efficace. Là où la réinnervation musculaire arrive à maturité, la
taille des PUM augmente en relation avec l’augmentation d’une part du nombre de
fibres musculaires par unité motrice et d’autre part de la densité de fibres.
6.3.2. Les différents types topographiques de
plexopathies brachiales
Les tableaux 2-4 proposent une stratégie
d’exploration du plexus brachial basée sur l’analyse de 7 territoires sensitifs
(amplitude du potentiel de nerf) (Ferrante et Wilbourn, 1995) et de 11
territoires moteurs (amplitude du potentiel d’action global musculaire et/ou
EMG). Le délai post-lésionnel est supérieur à 3 semaines pour réunir l’ensemble
des anomalies ENMG.
Cette stratégie est déclinée en 3 tableaux car
cela correspond à une certaine réalité clinique. Les atteintes du plexus
supérieur sont les plus fréquentes. Parmi celles-ci les atteintes supra-claviculaires
sont majoritaires et parfois associées à une atteinte du plexus moyen. Les
atteintes du plexus inférieur sont beaucoup plus rares, mais nettement plus
sévères et de pronostic souvent très réservé. Parmi celles-ci, les atteintes supra-claviculaires
sont plus fréquentes et sont parfois aussi associées à une atteinte du plexus
moyen.
- Atteintes du plexus supérieur
En cas d’avulsion des racines C5-C6 (accident
de moto, plexopathie obstétricale), un DSC est retrouvé de façon systématique
dans le territoire des nerfs cutané antébrachial latéral et médian (R1
uniquement), de façon plus inconstante (60% des cas) dans le territoire
sensitif terminal du nerf radial et rarement dans le territoire R2R3 du nerf
médian. Par contre, la neurographie sensitive, réalisée dans ces mêmes
territoires, reste normale. Sur le versant moteur, des signes de dénervation
dans les muscles rhomboïdes et grand dentelé confirment que la lésion est très
proximale.
Si l’atteinte se limite à la racine C5, un DSC
sera constaté au niveau de la région antéro-latérale du bras, cependant aucune
technique neurographique de routine ne permet d’évoquer un potentiel de nerf
sensitif dans ce territoire. Dès lors, la distinction pré- ou
post-ganglionnaire n’est pas possible. Au mieux, l’étude EMG de la musculature
paravertébrale permet de dire si la lésion est située distalement ou
proximalement par rapport au rameau dorsal primaire (Figure 1). Concernant
l’EMG de la musculature périphérique, le muscle
rond pronateur est indemne puisque dépendant presque exclusivement de la
racine C6.
L’atteinte radiculaire EF C6 ou C5C6 et du TPS
(accident de moto, plexopathie obstétricale, paralysie post-opératoire,
Parsonage & Turner) sont identiques (neurographie sensitive altérée dans le
territoire du DSC et signes de dénervation active dans la musculature dépendant
des racines C5 et C6) à l’exception de l’EMG des muscles rhomboïdes (C5) et
grand dentelé (C5, C6, C7) qui ne révèlent des fibrillations/pointes positives
que dans les atteintes radiculaires.
L’atteinte du TSAE associe des anomalies
électriques sensitives et un DSC dans le territoire des nerfs musculocutané (cutané
antébrachial latéral) et médian (R1+R2+R3).
Le potentiel sensitif du nerf radial
reste normal ainsi que l’EMG dans
les muscles sous-épineux et deltoïde.
- Atteintes du plexus moyen et postérieur
L’avulsion de la racine C7 (certains
traumatismes avec étirement du plexus alors que le bras est à l’horizontal) se
distingue de l’atteinte radiculaire EF C7 ou du TPM par l’absence d’anomalie
électrique sensitive dans le territoire du DSC (branche terminale du nerf
radial et nerf médian/R2+R3). Des signes de dénervation active dans le muscle
grand dentelé sont évocateurs d’une atteinte très proximale (avulsion ou EF) et
souvent associée à une atteinte, également proximale, du plexus supérieur.
L’atteinte du TSP est très différente, puisque
la neurographie sensitive et le DSC se limitent au nerf radial, tandis que l’atteinte motrice concerne non seulement
le nerf radial, mais également le nerf axillaire.
- Atteintes du plexus inférieur
L’avulsion des racines C8D1 (traumatisme bras
en élévation), contrairement aux atteintes plus distales EF (sternotomie
médiane, TOS), du TPI (plexopathies malignes) ou du TSAI (fractures de la
clavicule), ne s’accompagne pas d’anomalie électrique dans le territoire du DSC
(nerf ulnaire/R5, nerf cutané antébrachial médial et rarement nerf médian R3).
Sur le versant moteur, le respect du
muscle extenseur propre de l’index devra faire songer à une atteinte
infra-claviculaire du TSAI. Dans le TOS, la compression prédomine sur la racine
EF D1 ou sur le contingent D1 du TPI. Aussi, les anomalies neurographiques prédominent
dans le territoire du nerf cutané antébrachial médial et du muscle court
abducteur du pouce.
7. Conclusion
L’exploration ENMG du plexus brachial reste
une entreprise difficile. Il est parfois illusoire de situer le SL tant la
lésion est complexe ou multifocale. Il importe néanmoins, devant une impotence
majeure du membre supérieur, de pouvoir, le cas échéant, se montrer
réconfortant ou éviter une intervention chirurgicale prématurée, voire inutile,
ou au contraire d’affirmer d’emblée que les chances de récupération spontanée
sont quasi nulles. Les lésions infra-claviculaires (distribution
multi-tronculaire, respect de la musculature pectorale) sont de meilleur
pronostic que les lésions supra-claviculaires (distribution multi-radiculaire)
qui elles-mêmes sont de meilleur pronostic que les atteintes très proximales
pré-plexuelles (déficit des muscles rhomboïdes, grand dentelé, signe de Claude
Bernard-Horner, paradoxe électro-clinique sur le versant sensitif). L’atteinte neurapraxique
avec BC, même complète, est rapidement résolutive sans séquelle, pour autant
qu’il ne s’agisse pas d’une plexopathie post-radique ou dysimmunes (NMMBC). Les
lésions axonales, proximales, du plexus inférieur sont toujours de pronostic
très réservé.
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4 commentaires:
chirurgie reparatrice du ventre apres une sleeve
How can I localize brachial plexus injury to the trunks vs cords? and when do I recommend EMG follow-up? Thanks.
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